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Chiara Malta et Sébastien Laudenbach
Linda veut du poulet ! est le deuxième long métrage de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach.
Le premier long de Chiara (en prise de vues réelles), Simple Women (2020) n’est pas sorti au cinéma en France. Le premier long métrage de Sébastien, La jeune fille sans mains, est sorti en 2016. C’est une adaptation d’un conte des frères Grimm où la beauté et la délicatesse du graphisme s’opposent à la noirceur de l’histoire (l’héroïne perd ses mains après un arrangement entre son père et le diable).
Si Linda veut du poulet ! fait partie du catalogue de Collège au cinéma, La jeune fille sans mains fait quant à lui partie du dispositif Lycéens et apprentis au cinéma.
Chiara Malta et Sébastien Laudenbach ont également réalisé de nombreux courts métrages. Parmi ces films, leur première réalisation commune : Les yeux du renard (2012), dont l’acteur principal est leur fils Milo. Pour continuer à découvrir la patte graphique de Sébastien Laudenbach, tu peux regarder les clips qu’il a réalisés pour le chanteur Dominique A en 2018.
Un été pas comme les autres
Au cinéma, il y a ce qu’on peut appeler les « films d’été ». Il fait chaud et tout fonctionne au ralenti. Les personnages prennent leur temps, s’ennuient, font des rencontres, partent à l’aventure. Pour eux.elles, l’été est une parenthèse, souvent enchantée, dans leur vie quotidienne.
Dans la filmothèque de Pixivore, plusieurs films racontent « l’été où tout a changé » dans la vie d’un jeune personnage, avec une rencontre amoureuse ou amicale qui va les marquer à jamais. Pour l’héroïne ou le héros, l’été représente le passage à l’adolescence ou à l’âge adulte.
Dans Muksin (2006), un film malaisien, Orked, une fille au caractère bien trempé, connaît son premier amour quand elle rencontre Muksin, un garçon de la grande ville venu passer les vacances chez sa tante.
Dans Tomboy (2011). Après un déménagement en banlieue parisienne, Laure fait la rencontre de Lisa, qui la prend pour un garçon. Laure ne la détrompe pas et passe l’été sous l’identité de Mickaël. Tomboy veut dire « garçon manqué » en français… mais la réalisatrice Céline Sciamma trouvait l’expression trop négative et dégradante, c’est pourquoi elle a préféré le terme anglais.
Dans Swing (2002) de Tony Gatlif, c’est le héros, Max, qui pense d’abord que Swing, une jeune fille manouche, est un garçon. Puis il tombe ensuite amoureux de Swing, pendant qu’il s’initie à la guitare manouche.
Ces trois films ont également des points communs avec Le dernier été de la Boyita qui raconte l’été de deux ami.e.s, Jorgelina et Mario, en Argentine : les personnages sont de milieux sociaux différens, les décors alternent entre ville et nature, la présence de l’eau (pluie, piscine, cours d’eau) y est importante, et tous questionnent les stéréotypes de genre.
Bayamdasuren Davaa, réalisatrice nomade



Tu aimes les iourtes et les animaux ? Tu veux continuer à suivre de sympathiques familles nomades sur les majestueuses steppes de Mongolie ?
Pixivore te conseille de regarder les films que Byambasuren Davaa a réalisés avant Les racines du monde : L’histoire du chameau qui pleure (2003), Le chien jaune de Mongolie (2005) et Les deux chevaux de Gengis Khan (2011).
Byambasuren dit de son film Les racines du monde que c’est « une fiction se déroulant sur un fond documentaire ». Ses trois premiers films sont plutôt des documentaires avec des bouts de fiction. Comme dans Les racines du monde, on y suit des communautés nomades connaissant des difficultés à conserver leur mode de vie (70 % de la population mongole vit en ville). L’histoire du chameau qui pleure et Le chien jaune de Mongolie se basent tous les deux sur des légendes mongoles.
Nansai, la petite héroïne dans Le chien jaune de Mongolie, a le même âge que la petite sœur d’Amra. Au début de leurs films, Nansai et Amra reviennent de l’école pour rejoindre avec joie leurs iourtes familiales.
La musique a une grande importance dans les films de Byambasuren Davaa. Dans L’histoire du chameau qui pleure, elle sert à réconcilier une chamelle avec son petit. Dans Les deux chevaux de Gengis Khan, la musicienne Urna Chahar-Tugchi part à la recherche des origines de la chanson qui donne son titre au film.
Des îles au trésor
L’île au trésor emprunte son titre à un roman de Robert Louis Stevenson paru en 1883. L’Île au trésor (le livre) est l’une des plus célèbres histoires de pirates et de chasse au trésor. Il a été très souvent adapté au cinéma et à la télévision.
Dans le montage ci-dessous, tu peux voir un extrait de l’adaptation produite par le studio Disney en 1950. En 2002, Disney sort une version animée et futuriste du roman de Stevenson sous le titre La planète au trésor : un nouvel univers.
À ton avis, pourquoi Guillaume Brac a-t-il choisi le titre d’un roman d’aventures pour son documentaire ? (Il y a quelques éléments de réponse dans l’interview télévisée que tu peux voir juste en dessous…). Et comment interpréter la citation de Robert Louis Stevenson qui ouvre le film ?

L’île au trésor de Guillaume Brac est l’île de loisirs de Cergy-Pontoise, dans le Val-d’Oise, à moins d’heure en voiture et en transport en commun de Paris. Ouverte en 1977, cette base de loisirs accueille plus d’un demi-million de personnes par an, entre avril et octobre.
Elle est déjà apparue à l’écran avant L’île au trésor. Dans L’ami de mon amie, sorti en 1988, Eric Rohmer (un réalisateur qui a beaucoup influencé Guillaume Brac) emmène ses personnages sur l’île de loisirs dans quelques scènes. En comparant le film de 1988 et celui de 2018 (voir le montage ci-dessous), on se rend compte qu’on ne peut plus de nos jours pratiquer la planche à voile.
L’endroit le plus étonnant du film est sans doute la pyramide creuse que Jérémy, qualifié d’« Adonis du pédalo » dans le générique, fait découvrir à deux filles. Seulement accessible par bateau, cette pyramide fait partie de l’Axe majeur, un ensemble de douze « stations » (une tour, un jardin, un amphithéâtre, etc.) alignées sur plus de 3 kilomètres à Cergy-Pontoise. La Pyramide apparaît à la fin de Petite maman (2021), un beau film fantastique de Céline Sciamma. Le film n’est pas situé à Cergy-Pontoise et l’île de loisirs n’y est pas montrée. La Pyramide fait ici penser à un monument magique ou à une construction extra-terrestre.
Plusieurs clips de rap ont été tournés à Cergy-Pontoise. Dans le clip de la version espagnole de La Même de Gims (2018), on peut voir deux des stations de l’Axe majeur, les Douze colonnes et la Pyramide.
Même si certains jeunes ont des comportements imprudents, il n’arrive rien de dramatique dans L’île au trésor. Mais, au cinéma, certaines baignades peuvent être mortelles. C’est le cas dans Les dents de la mer (1975), le film qui a donné une mauvaise réputation injustifiée aux requins.
Guillaume Brac fait partie de ceux qui ont été fortement marqués par le film de Steven Spielberg. Dans le magazine Society, il dit qu’après avoir vu Les dents de la mer à l’âge de 8 ans, il n’arrivait pas « à sortir du film : j’avais peur du requin, même dans mon lit ». À la fin du montage ci-dessous : un petit bonus pour te montrer comment ajouter de la tension dans les images pleines d’insouciance de Guillaume Brac.
L’île au trésor et L’ami de mon amie permettent de faire de petits bonds dans le passé : comment est-ce qu’on s’amusait sur une base de loisirs en Île-de-France en 1988 et 2018 ? Quand on regarde Les vacances de Monsieur Hulot, le chef d’œuvre comique de Jacques Tati, le voyage dans le temps est plus important. À quoi ressemblaient les vacances au début des années 1950 dans une station balnéaire chic de l’ouest de la France ? Dans l’extrait ci-dessous, il y a une référence aux Dents de la mer, ce qui est étonnant parce que le film de requin est sorti une vingtaine d’années plus tard. En fait, après l’énorme succès des Dents de la mer, Jacques Tati a tourné quelques plans qu’il a intégrés dans son film de 1953.
Guillaume Brac, cinéaste de la diversité
Dans un article du quotidien Libération consacré à l’île de loisirs de Cergy-Pontoise, le lieu explorée par L’île au trésor, Marie-Eve Lacasse écrit que Guillaume Brac est « le réalisateur de l’enfance éternelle, du bonheur et des vacances ». On peut ajouter qu’il est, à plusieurs niveaux, le réalisateur de la diversité. Il alterne longs, moyens et courts métrages. Il travaille aussi bien sur des documentaires que sur des fictions (pour aller plus loin : voir la notion Le documentaire et le focus Fiction ou documentaire ?).
Le premier des deux courts métrages de Contes de juillet (2017), une fiction, se déroule en grande partie sur l’île de loisirs. Les personnages et leurs relations rappellent quelques séquences de L’île au trésor, un documentaire sorti un an plus tard.
La diversité est aussi, et surtout, dans les personnes que filme Guillaume Brac : ils sont d’âges, d’origines sociales et de couleurs de peau différents.
Pixivore te conseille particulièrement deux films de Guillaume Brac. Le premier est À l’abordage (2020), qui est, comme L’île au trésor, un film d’été au titre évoquant l’aventure.
Le deuxième est un documentaire sur des lycéens de terminale, Ce n’est qu’un au revoir (2025). Lors de sa sortie au cinéma, il a été accompagné par le court métrage Un pincement au cœur, filmé dans un lycée d’Hénin-Beaumont.
Musiques mongoles
Même si la performance d’Amra a été créée spécialement pour Les racines du monde, l’émission Mongolia’s Got Talent est une vraie émission. C’est, comme La France a un incroyable talent, l’une des déclinaisons de Britain’s Got Talent, lancée en 2007. L’émission mongole a sa chaîne YouTube, où l’on peut voir que les chansons traditionnelles comme celle d’Amra sont plutôt rares.
Dans une autre émission de télé-crochet musical, la version britannique de The Voice, on peut voir le chanteur australo-mongol Bukhu, qui maîtrise les deux éléments les plus reconnaissables de la musique traditionnelle mongole. Le premier est le morin khuur, un instrument à cordes, faites de poils de queues de cheval, au manche sculpté en forme de tête de cheval. Le deuxième est le chant de gorge (khöömii), qui donne des sons très particuliers.
Le chant de gorge est ce qu’on appelle un chant diphonique, une technique vocale qui permet à une seule personne de chanter deux notes en même temps. C’est une technique qui demande beaucoup d’entraînement. Voici un autre exemple de chant de gorge accompagné par le morin khuur, cette fois filmé en Mongolie.
La chanteuse Urna Chahar-Tugchi est également très connue en Mongolie. C’est elle qui joue le personnage principal dans Les deux chevaux de Gengis Khan de Byambasuren Davaa, dans lequel elle interprète aussi la bande originale !
Urna Chahar-Tugchi est née en Mongolie intérieure, qui est une région de la Chine depuis 1911 (pour en savoir plus, regarde l’émission « Le dessous des cartes » sur la page du film). Les traditions mongoles y sont très fortes et très présentes, malgré la volonté du régime chinois de les effacer au profit des traditions chinoises (à ce sujet, Pixivore te partage ci-dessous une petite vidéo).
Dans ses chants, Urna Chahar-Tugchi utilise les techniques vocales de la musique mongole traditionnelle, comme tu peux l’écouter dans la seconde vidéo ci-dessous.
Mais au-delà de la musique traditionnelle, il y a une grande diversité musicale en Mongolie. Une scène rap s’est, par exemple, développée à partir des années 1990. Ce morceau réunissant plusieurs rappeurs mongols mélange rythmes modernes et sons à l’ancienne, un peu comme le fait Manau avec la musique bretonne dans La tribu de Dana.
Comme dans la plupart des pays, il est malheureusement plus difficile pour les filles de se faire une place dans le milieu de la musique. Sur le site internet Madame rap qui recence des rappeuses dans le monde entier (et que Pixivore te conseille fort !), on en découvre trois qui envoient du lourd pour la Mongolie :
Il existe enfin un groupe mongol connu dans le monde entier. C’est The Hu, qui intègre à sa musique metal le morin khuur et le khöömii. Attention, ça décoiffe.
Les héros sensibles de Nicholas Ray
Johnny Guitare est l’un des 24 longs métrages réalisés par Nicholas Ray entre 1946 et 1980. Deux de ses plus beaux films mettent en vedette des personnages jeunes, entre l’adolescence et l’âge adulte, ce qui n’était pas fréquent dans le cinéma américain de l’époque. Dans Les amants de la nuit, son premier film en 1949, Nicholas Ray mélange romantisme et tragédie en suivant la cavale de Bowie, un petit délinquant évadé de prison, qui tombe amoureux de Keechie, la nièce de l’un de ses complices.
La fureur de vivre (1955) est, avec Johnny Guitare, le film le plus célèbre de Nicholas Ray. Il est sorti après l’accident de voiture mortel de son acteur principal, James Dean, à l’âge de 27 ans. Le film et sa vedette sont encore de nos jours une référence pour des cinéastes et des comédien.ne.s (il est par exemple cité dans Camille redouble, qui fait partie de la filmothèque Pixivore). James Dean joue Jim, un lycéen angoissé, en conflit avec ses parents et qui participe à des affrontements violents (voir le jeu de la « poule mouillée » dans le montage ci-dessous, qui te rappellera, en plus dangereux, certaines courses de Fast and furious).
Johnny Guitare a aussi un personnage de jeune immature et tourmenté : Turkey, l’un des membres du gang du Dancing Kid.
Vienna et Johnny sont plus âgés que les héros de Les amants de la nuit et de La fureur de vivre, mais ce sont aussi des marginaux aux émotions à fleur de peau. Dans les trois films, les personnages principaux trouvent, pendant une nuit, un refuge (cabane, maison abandonnée ou cuisine) où ils peuvent exprimer leurs sentiments.
