Enfants dans la ville
Avant et après Les quatre cents coups, les cinéastes ont aimé filmer les enfants en vadrouille. Premier exemple avec Jeunes enfants jouant aux billes, un film que tu peux voir ici en entier. Il a été tourné en 1896 pour les frères Lumière alors que leur invention, le Cinématographe, n’avait pas encore un an. « Si jeunes et des Japonais » : ce titre qu’avait trouvé François Truffaut quand il était critique pourrait être repris pour Gosses de Tokyo (1932). Les deux frères Keiji et Ryoichi ont au moins deux points communs avec Antoine et son copain René : la pratique de l’école buissonnière et l’insolence. Tourné dans le Berlin dévasté de l’après-guerre avec des acteurs inconnus, Allemagne année zéro (1948) est un film qui a beaucoup influencé Truffaut. Selon lui, le réalisateur Roberto Rossellini « a été le premier à bien montrer les enfants au cinéma, c’est-à-dire à les montrer graves et réfléchis et non pas pittoresques comme des petits animaux. ». Autre influence de Truffaut : Le petit fugitif (1953), un film de fiction tourné comme un documentaire où l’on suit la fugue d’un garçon de New York. Quelques années avant Antoine Doinel, un autre gamin de Paris parcourt les rues de notre capitale dans Le ballon rouge (1956).
François Truffaut est resté toute sa vie très sensible à l’enfance malheureuse. En 1968, il est l’un des producteurs de L’enfance nue dont le héros est François, un enfant placé dans des familles d’accueil. Le film est tourné dans le Pas-de-Calais (à Lens et Hénin-Liétard).
Kes (1969) est également situé dans une ville minière, dans le nord de l’Angleterre. Comme Antoine, Billy est un adolescent mal aimé dans sa famille. Il a aussi, comme Antoine, de l’énergie à revendre et une passion (la fauconnerie) qui l’anime. Pour en savoir plus sur ce beau film, tu peux consulter la page que Pixivore lui consacre. L’argent de poche (1976) est le dernier des trois films que François Truffaut consacre à l’enfance, après Les quatre cents coups et L’enfant sauvage (1970). Il s’intéresse à la vie d’un groupe d’enfants, de 0 à 12 ans. On change d’époque, d’ambiance et de style avec Maman, j’ai encore raté l’avion (1992). Si Kevin McCallister visite New York seul, c’est parce qu’il a perdu de vue ses parents à l’aéroport. On peut trouver plusieurs grands et petits frères d’Antoine Doinel dans l’histoire du cinéma… mais pas beaucoup de grandes et petites sœurs. Pourquoi ? Parce que, jusqu’à récemment, les films étaient en grande majorité réalisés par des hommes et qu’on a souvent laissé moins de liberté aux filles qu’aux garçons. De nos jours encore, certaines filles ne peuvent circuler dans la rue comme elles le veulent. C’est le cas de Wadjda, une écolière d’Arabie Saoudite dans le film du même nom, qui voudrait faire de la bicyclette – interdite aux femmes ! – comme son copain Abdallah.
